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  • Photo du rédacteurMathilde Natpro

La Ferme Lamberty : un ancrage bio familial à Vielsalm

Au départ d’une exploitation laitière dépendante des quotas laitiers, Marylène et Luc ont construit une ferme diversifiée et autonome qui défend les valeurs de l’agriculture biologique. Voici un aperçu de la trame de vie à la ferme Lamberty, que nous avons pu partager durant une visite du système participatif de garantie.


Sur le chemin de l’agriculture biologique

L’histoire de la ferme Lamberty ressemble à celle de beaucoup de fermes laitières wallonnes qui ont voulu saisir leur chance de s’affranchir des quotas et des firmes agroalimentaires pour pouvoir vivre de nouveau de leur métier avec passion et fierté.


La grand-mère de Luc a fait construire la ferme en 1927, que son père a ensuite repris tout en travaillant à côté. « Ils avaient alors une dizaine de vaches laitières Blanc-Bleu mixtes, dans un schéma de production conventionnelle assez classique à l’époque », raconte Luc. « Moi, j’ai toujours voulu devenir fermier. Quand on a repris la ferme avec Marylène, en 1984, le cheptel s’élevait à 30 vaches. » C’était l’époque des quotas laitiers, qu’ils ont acheté au fur et à mesure pour essayer d’augmenter la rentabilité de la ferme. Après la fin des quotas, début des années 90, il a fallu repenser l’activité pour envisager un avenir rentable. Ils ont alors évolué vers les vaches allaitantes Blanc-Bleu mixtes qu’ils ont remplacé par des vaches viandeuses Blondes d’Aquitaine. « Le bio, ça nous ait venu lors d’une visite de la ferme d’André Kettel, où l’agronome français Michel Sencier intervenait (NDLR : étape cruciale pour beaucoup de producteurs N&P !). On s’est convertit tout de suite ! Dans notre recherche d’autonomie sur la ferme, on avait en fait déjà emprunté ce chemin. Il n’y avait plus qu’à l’officialiser ». La ferme est labellisée depuis 1999.


Par envie de se réapproprier sa filière laitière du champs au verre, ils se sont rassemblés avec d’autres producteurs et ont fini par rejoindre la coopérative Biomilk (voir encart), qui regroupe maintenant une cinquantaine de producteurs bio laitiers. Le magasin à la ferme est apparu en 2012 dans une partie de la maison et a rapidement déménagé à son emplacement actuel, pour une surface plus conséquente, en 2014.

La diversification s’est faite petit à petit dans cette ferme polyculture-élevage : des moutons (Roux ardennais) il y a une vingtaine d’année, puis des chèvres depuis 8 ans et enfin du maraîchage depuis quelques années. On retrouve également sur la ferme des poules, des poulets, des lapins et un âne.



 

Biomilk : quand les producteurs laitiers prennent en main leur filière

C’était il y a 20 ans : vingt-trois agriculteurs créaient une nouvelle coopérative agricole 100% belge, 100% bio. Leur but ? S’associer afin de pouvoir valoriser leur production laitière à travers un circuit qu’ils maitrisent, dans un contexte où l’agriculture biologique ne connait pas encore l’engouement actuel. La coopérative lance donc sa propre filière 100% bio en organisant la collecte et la livraison du lait auprès de transformateurs partenaires. Elle négocie aussi un prix de vente permettant de rémunérer le travail de ses membres. Rapidement les premiers membres flamands sont rejoints en 2006 par des agriculteurs wallons. La coopérative porte alors le nom de Biomelk Vlaanderen - Biolait Wallonie. Afin de renforcer son caractère national, elle adopte le nom de Biomilk.be en 2017. En juillet 2018, Biomilk.be débute un partenariat unique avec Delhaize. Le projet associe le nom de la coopérative sur le packaging des produits laitiers Delhaize Bio tels que boîtes de lait UHT, fromages et yaourts. Tout en garantissant un prix rémunérateur basé sur les coûts de productions des producteurs. La coopérative regroupe désormais cinquante-trois fermes réparties à travers tout le pays.

 

Nourrir localement les consommateurs bio

La Ferme Lamberty est bien connue du consommateur local grâce à son magasin, qui fait office d’épicerie bio de quartier. En plus des produits bio et/ou locaux venant de producteurs wallons ou étrangers via les grossistes bio habituels (Biofresh, Interbio), on y retrouve toutes les productions de la ferme, des légumes aux colis de viande en passant par les fromages au lait cru. Ces derniers ne sont pas réalisés sur place, les Lamberty ayant fait le choix de s’associer avec des artisans locaux pour transformer leurs productions laitières. C’est la coopérative Biomilk.be qui récupère le lait de vache, qui se retrouve mélangé à celui des autres producteurs de la région et dispatché à différents fromagers coopérateurs. Le lait de chèvre est récupéré par deux fromageries bio artisanales wallonnes : la Fromagerie du Bairsoû (Trois-Pont - qui transforme aussi une partie du lait de vache) et la Fromagerie du Gros Chêne (Méan).



Au niveau de la viande, on peut déguster des colis des quelques veaux laitiers (la plupart sont vendus à un marchand) et des Blonde d’Aquitaine engraissés sur la ferme, ainsi que quelques chevreaux, poulets et lapins abattus à la ferme. Les animaux bénéficient d’une alimentation principalement basée sur les pâtures et fourrages autoproduits. La moitié des céréales sont produites sur place, le reste est acheté chez Fayt-Carlier pour les herbivores et la SCAR pour les monogastriques. Au niveau maraîchage, sont produits les légumes de base sur quelques 20 ares auxquels s’ajoutent 30 ares de pommes de terre. Les plants proviennent de chez de Koster.


La recherche d’autonomie et de résilience

Cette diversification permet à la famille Lamberty de vivre à plusieurs sur l’activité agricole. En effet, 3 des 4 enfants de Marylène et Luc les ont rejoints sur la ferme : Julien, Pauline et Romain. Ils reprennent petit à petit l’exploitation. Dans la lignée de leurs parents, travailler en bio reste incontestable, tout comme continuer d’améliorer la résilience de la ferme. Le modèle de polyculture élevage, développé maintenant depuis plus de 30 ans, leur permet d’aller vers plus d’autonomie, notamment en matière organique avec la production de fumier et de lisier. Ces derniers sont épandus en fonction des cycles lunaires, selon les principes de biodynamie. Des poudres d’algues et de roches sont utilisées pour y fixer l’azote.


Ici, les céréales sont classiquement mises en rotation avec de la prairie temporaire (3 ans de céréales suivies de 4-5 années de prairie) en pratiquant parfois le semis de prairie sous couvert d’avoine. Un pas supplémentaire pourrait être fait en intégrant le maraîchage dans la rotation des cultures. La Ferme Lamberty étant située à proximité du parc d’activité économique de Vielsalm-Burtonville, elle fait face à des risques d’expropriation de ses terres (c’est le cas déjà de 10 ha qui ont été expropriés pour l’agrandissement du zoning dernièrement) ce qui met en péril son autonomie en sacrifiant des terres agricoles au profit du béton.


Les vaches sont écornées (c’est-à-dire qu’on leur coupe les cornes au plus jeune âge). « Il en va de la sécurité de l’éleveur et des vaches elles-mêmes ! », nous confie Luc. « Il y avait trop de blessures entre elles. Il y a l’idéal et il y a la réalité de terrain ! Par contre, quand nous le pouvons, nous pratiquons la monte naturelle, beaucoup plus respectueuse du cycle naturel de la vache et qui permet une bonne vitalité des veaux. Pour les vaches laitières nous avons plutôt recours à l’insémination artificielle, afin de maîtriser les croisements avec différentes races comme la Montbéliarde, la Jersey ou la Normande. On ne peut pas avoir un taureau de chaque ! ».


Les chèvres et les vaches co-pâturent sur les prairies attenantes aux étables. La gestion du parasitisme chez les chèvres se fait notamment par un cycle d’entrée-sortie avec 10 jours de pâturages suivis de 15 jours d’étable. Elles sortent à partir d’1 an et sont mises à la reproduction dès 6 mois. Les chevrettes sont nourries au lait de vache de la ferme. Tous les animaux bénéficient de soins naturels en aromathérapie.


Du point de vue énergétique, une éolienne leur permet de couvrir une partie de leur consommation électrique. La consommation d’eau repose sur un puit qui assure leur autonomie. Il n’y a pas de système de récupération d’eau de pluie des toitures.



Une volonté de s’ancrer dans son terroir

Être en accord avec son terroir, c’est ce à quoi aspire la famille Lamberty. Le fait de travailler en partenariat avec des artisans locaux fait partie de cette démarche. Le magasin, où est acceptée la monnaie locale « le Sous rire », permet un contact direct avec la clientèle. Marylène peut ainsi prendre le temps d’expliquer aux consommateurs l’importance du bio local et de sensibiliser à la non-disponibilité de certains produits localement en fonction des périodes de l’année. La gamme de légumes issus de l’achat revente concerne principalement des productions belges et françaises.


La Ferme Lamberty est engagée dans la coopérative Terre en vue qui les a notamment appuyés pour sécuriser les terres autour de la ferme. Ils sont répertoriés dans les « boucles agricoles et immersives » de la Région du Luxembourg, des balades permettant de visiter des fermes. L’accueil occasionnel de stagiaire sur la ferme est une occasion supplémentaire de diffuser leurs méthodes et leur philosophie.


La famille Lamberty et N&P

Des projets, la jeune génération en a surement plein la tête. A court terme, Romain envisage l’implantation de fruitiers sur la ferme. Il serait également intéressant de réfléchir à la possibilité de récupérer l’eau de pluie, au moins pour l’arrosage du maraîchage. C’est d’ailleurs un point d’attention de la charte N&P !


L’agriculture biologique est ancrée dans la mentalité de la famille Lamberty, parents comme enfants. Marylène a été très active au sein de l’Union Nationale des Agro-Biologistes (UNAB) pour défendre les valeurs de la bio comme elle l’envisage. C’est en 2013 qu’ils ont rejoint N&P. « Le label apparaissait comme un plus pour le magasin, pour se différencier du bio industriel. De plus, on se sent en accord avec les principes du bio défendu par N&P. », nous confie Marylène.


 

Ferme Lamberty - Marylène, Luc, Romain, Pauline, Julien Lamberty Moulin 126 6692 Petit-Thier Magasin ouvert du mardi au samedi (8h30-12h30 / 13h30-18h30) https://www.ferme-lamberty.be

 

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