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  • Photo du rédacteurSylvie Natpro

L'agriculture wallonne sera bio, nourricière, diversifiée et en lien avec le consommateur local !


L’agriculture, un projet de société


Depuis ses origines, Nature & Progrès rassemble producteurs et consommateurs pour réfléchir aux questions agricoles et alimentaires et définir un modèle durable, pour notre santé et celle de la Terre. Impliquer les consommateurs dans l’évolution de l’agriculture, c’est garantir un modèle agricole en accord avec notre société, c’est renouer avec une production locale pour une consommation locale. C’est aussi instaurer une relation de confiance entre producteurs et consommateurs et mieux, un véritable partenariat. Le consomm’acteur, heureux, offre un prix juste au producteur pour la qualité de l’aliment qu’il lui fournit, et le producteur est fier de remplir sa mission nourricière mais aussi toutes les autres : entretenir nos paysages, développer notre biodiversité et tisser les liens sociaux de nos villages[i].




La vision de Nature & Progrès pour l’avenir de l’agriculture wallonne


ð Une production locale Bio répondant à la demande des consommateurs


L’alimentation biologique a de plus en plus de succès auprès des consommateurs, au point que l’offre ne suffit pas, notamment en légumes et fruits. L’agriculture biologique a connu une croissance importante dans notre région (11,8 % des fermes et 9,7% de la S.A.U wallonnes sont actuellement en bio). Le Plan Stratégique Bio wallon a débloqué des moyens humains et financiers en vue d’atteindre 18 % de la S.A.U en 2020. Les indicateurs montrent que ce chiffre sera atteint. Il est donc important de continuer et d’envisager l’augmentation à 30 % de la S.A.U en maintenant un référentiel réglementaire élevé.

Nature & Progrès demande que des moyens soient affectés afin d’accompagner la conversion vers l’agriculture biologique, qu’une attention particulière soit mise sur la qualité du bio via l’adoption de normes strictes afin de se protéger du bio « low-cost » qui pourrait envahir notre marché.



ð Une Wallonie sans pesticides


Depuis les débuts de leur utilisation, les pesticides n’ont pas tenu leurs promesses. Leurs impacts sur l’environnement et sur la santé sont aujourd’hui indéniables, et l’ampleur des dommages constatés mérite une réaction urgente et ambitieuse. Oui, notre agriculture peut se passer des pesticides chimiques de synthèse, comme le démontre quotidiennement le travail des agriculteurs biologiques et les nombreuses alternatives recensées par notre projet « Vers une Wallonie sans pesticides, nous y croyons » : itinéraires techniques, avancées des outils mécaniques, ou même de nouvelles manières de produire comme l’illustre le Plan Bee pour le sucre.

Nature & Progrès demande que les moyens soient mis en œuvre (recherche, encadrement, formation…) pour supprimer - et non réduire - les pesticides chimiques de synthèse de notre environnement.



ð Une agriculture locale pour un consommateur local


Nature & Progrès défend la nécessité d’une agriculture wallonne répondant aux besoins alimentaires des citoyens locaux[ii].

Dans ce but, il est nécessaire d’encourager la production de céréales à des fins alimentaires (céréales panifiables et orge brassicole) plutôt qu’énergétique ou même fourragère. Le redéploiement d’outils de transformation adaptés (meuneries et micromalteries travaillant à façon) est essentiel pour re-développer des filières wallonnes du grain à la table.




ð Des élevages liés au sol


L’élevage doit faire face à de nombreux défis : crise des prix, coûts de production élevés, réduction de la consommation de viande et préoccupations de consommateurs concernant les impacts des élevages sur le climat et le bien-être des animaux.

Selon Nature & Progrès, les bovins doivent être élevés en systèmes herbagers, reposant un maximum sur le pâturage et sur l’herbe.

Non seulement les systèmes herbagers sont les plus économiques pour les producteurs, mais aussi, ils maximisent l’impact positif de l’élevage sur l’environnement et le climat (entretien des prairies permanentes riches en biodiversité et puits de carbone) et le bien-être des animaux.




Les races dominantes actuelles sont hyperspécialisées et peuvent difficilement se contenter de l’herbe, notamment dans les régions à sol et à climat plus difficiles. Selon une étude du CRAW[iii], les bovins de race Blanc Bleu Belge élevés selon le schéma conventionnel consomment autant de céréales que des porcs (200 g par kilo de viande valorisable).

Nature & Progrès encourage l’élevage de races mixtes permettant de valoriser autant le lait que la viande.

Ces races sont, selon les résultats du projet BlueSel[iv], plus rentables que les races spécialisées dans le modèle herbager. Par ailleurs, ces races permettent de mieux valoriser les veaux, ce qui est une solution au problème éthique majeur de l’élimination des veaux en élevage laitier spécialisé.



L’élevage des monogastriques doit également être mieux connecté au cycle de la ferme (davantage d’autonomie alimentaire) et liés au sol (parcours extérieurs). Les besoins comportementaux des animaux doivent être respectés. Selon Nature & Progrès, la consommation de viande blanche devrait être réduite par rapport à celle de viande rouge étant donné la consommation en céréales de ces animaux concurrente avec l’alimentation humaine.

Selon le modèle défini par Nature & Progrès, l’élevage de monogastriques devrait être une activité de diversification des fermes et non leur activité principale

Une spécialisation est en effet à l’origine d’élevages de grandes tailles et engendrant une situation économique instable pour le producteur en cas de crises (sanitaires, économiques, etc.).




ð Favoriser l’autonomie des producteurs


Les producteurs wallons sont principalement fournisseurs de matières premières pour l’industrie, généralement localisée en Flandre. Les éleveurs en vaches allaitantes sont naisseurs mais peu engraissent leurs animaux. Cette situation maintient les producteurs dans une situation de dépendance par rapport aux industries et leur empêche de profiter de la plus-value sur leurs produits.

Selon Nature & Progrès, il est primordial d’encourager l’autonomie des producteurs dans leur activité de culture ou d’élevage, mais aussi dans la valorisation de leurs produits.

Pour ce faire, il est nécessaire de mettre les moyens en œuvre pour aider les producteurs à se diversifier et à réaliser par eux-mêmes ou via un partenariat, la transformation de leurs produits. Ceci peut se faire par la création de coopératives et la mise en place de groupements de producteurs.

Dans le cas de la valorisation de la viande, Nature & Progrès soutient la nécessité de remettre en place des possibilités d’abattage de proximité ou à la ferme (camion mobile d’abattage, tir en enclos) étant donné la raréfaction des outils d’abattage wallons.

La découpe de la viande ne doit pas être oubliée car elle constitue également un maillon faible de la filière[v].




ð L’accès aux terres agricoles


En vue de maintenir et encourager une agriculture familiale et artisanale, l’accès aux terres agricoles est primordial. Deux obstacles sont mis en évidence : le manque de souplesse du bail à ferme qui provoque un désengagement des propriétaires de terres, passant alors par des sociétés de gestion ou gardant simplement leurs terres inoccupées, et l’érosion constante du pool de terres agricoles disponibles en Wallonie par les phénomènes d’artificialisation, que ce soit pour le logement ou les activités économiques.

Nature & Progrès prône une possibilité d’inclure des clauses environnementales dans les baux à ferme, en accord avec le propriétaire et le producteur.

Ce bail à ferme doit sortir de la quasi-perpétuité.

Par ailleurs, Nature & Progrès soutient l’idée de la création de zones nourricières protégées telles que mises en place en Suisse, afin de protéger les terres agricoles et les consacrer à une agriculture visant à combler les besoins alimentaires locaux[vi].



Conclusion

A travers ces différentes recommandations, Nature & Progrès revendique une agriculture biologique, locale, nourricière et familiale, fruit d’un partenariat étroit entre les producteurs, les transformateurs et les consommateurs wallons. Riche de son patrimoine et de son savoir-faire, la Wallonie est en première ligne pour répondre à ces objectifs. Un défi à relever ensemble !


[i] L’implication de la société civile dans les questions agricoles est mise en avant par le Code wallon de l’agriculture (Art.D1er, §3, point 4).


[ii] La fonction nourricière de l’agriculture wallonne pour la consommation locale a été définie comme prioritaire dans le Code wallon de l’agriculture (Art.D1er, §2 et Art.D1er, §3, point 1).


[iii] Van Stappen F., Delcour A., Gheysens S., Decruyenaere V., Stilmant D., Burny Ph., Rabier F., Louppe H. et Goffart J.-P. 2014. Etablissement de scénarios alternatifs de valorisations alimentaires et non alimentaires des ressources céréalières wallonnes à l’horizon 2030. Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement. 18 : 193-208.


[iv] Vanvinckenroye C., Walot Th., Bontemps P.-Y., Glorieux G., Knoden D., Beguin E. et Le Roi A. 2016. Le

Blanc-bleu-mixte. Dossier technico-économique de base. 22pp.


[v] Le code wallon de l’agriculture prévoit de favoriser l’autonomie des agriculteurs et des exploitations agricoles, individuellement ou collectivement, en termes de production, de transformation et de commercialisation (Art.D1er, §2, point 8). Il vise également la diversification de la production agricole (Art.D1er, §2, point 12).


[vi] Le code wallon de l’agriculture met en évidence la nécessité de conserver les surfaces affectées à la production agricole (Art.D1er, §2, point 7)



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