C’est dans l’entité de Dour que Bernard et Sylvia Brouckaert sont agriculteurs et éleveurs BIO Nature & Progrès. Ils ont repris la ferme en 1999, en poursuivant la production BIO initiée par les parents de Bernard en 1975. Nés dans le BIO, il n’était pas question pour eux de travailler autrement !
L’agriculture biologique : une affaire de famille !
Le père de Bernard, Joseph, a accompagné son fils depuis le début dans la prise en main de la ferme. La volonté de produire le plus naturellement possible guide leurs pratiques au quotidien. Comme le dit Bernard « Bien sûr qu’on peut faire sans pesticides, ça fait 45 ans qu’on fait sans pesticides ici ! ». Et ça tourne bien ! Bien sûr, cela demande une certaine expertise et Bernard a pu profiter de celle de ses parents et ainsi continuer de développer les alternatives.
Pour les Brouckaert, être en BIO c’est privilégier la qualité ! Bernard ne recherche pas la production de lait maximale mais un lait de qualité indispensable pour développer un beurre et des fromages de caractère. Ses vaches donnent quatre milles à cinq milles litres de lait par lactation, une Holstein en système conventionnel en produit deux fois plus. Notre éleveur est également attentif au bien-être de ses animaux. Une bonne production dépend d’un bon troupeau ! Bernard insiste « qu’en BIO on ne pourrait pas ne pas avoir de cornes », elles servent à faire une réserve de minéraux pour l’animal, à développer les sinus et à diagnostiquer si la vache est dans un bon environnement.
Une fois taries, les vaches sont éloignées de la salle de traite afin qu’elles n’en entendent pas les bruits et ne produisent donc plus de lait. Le recours à l’insémination artificielle est rare. On privilégie la monte naturelle car, selon les principes de biodynamie, la force vitale est plus grande dans une monte naturelle. En hiver, les vaches mangent sur des caillebottis et dorment sur de la paille. Il y a 6m² de paille par vache et dès qu’il fait beau, elles sortent.
Vous pouvez voir une interview de Bernard sur le site de Wallonie Sans Pesticides (en bas de la page d’accueil).
Autonomie et diversité
L’élevage se concentre surtout sur les vaches laitières : 80, issues de croisements bleue mixte, pie rouge, pie noire et normande. La diversité est au menu ! Ils ont également une centaine de poules, des moutons et ont accueilli assez récemment une truie qui donnera bientôt des porcelets.
A la ferme de Moranfayt, on privilégie l’autoproduction des fourrages. La ferme s’étend sur 80 ha dont 10 sont emblavés en céréales (fourragères et un peu de froment panifiable) et 10 en pommes de terre. Le reste se partage entre prairies permanentes et prairies temporaires. Dans les prairies temporaires, nous pouvons observer des pâquerettes et des pissenlits, qui seront pâturés par les vaches laitières, ce qui donnera un certain goût aux fromages. Les céréales fourragères sont cultivées en mélange avec des légumineuses (du pois) ce qui permet d’enrichir le sol en azote (voir encart) et d’apporter une excellente source de protéines à la ration. Bernard a testé la culture de féverole, pour remplacer le peu de tourteau de lin acheté en France, qui vient compléter la ration, mais les difficultés de culture et de stockage l’ont découragé.
Il y a également une soixantaine de pommiers, dont les premières pommes sont laissées aux vaches, les autres étant pressées en jus, vendu à la ferme. Le froment panifiable est moulu aux moulins de Oosterzele et Moerbeke. Les farines sont également vendues à la ferme et en direct par le meunier.
Du point de vue énergétique, on n’atteint pas l’autonomie mais on travaille à la réduction de sa consommation. L’eau de pluie est récupérée des toits des bâtiments de la ferme. Des panneaux photovoltaïques permettent d’alimenter près de la moitié de la consommation d’électricité. Les 96 panneaux solaires sont installés depuis 5 ans. Ce qui consomme le plus, c’est le trieur et le stockage pour les pommes de terre, la salle de traite pour les vaches et l’étape de “chauffe” pour le fromage.
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ENCART : de l’utilité des légumineuses en association avec des céréales
Une propriété intéressante des légumineuses (ou Fabacées pour les connaisseurs !) est connue depuis des générations d’agriculteurs et de jardiniers. Outre le fait de produire de belles quantités de biomasse avec de faibles besoins en engrais, cette famille de plante a la capacité de former une symbiose avec certaines bactéries du sol : les rhizobia. Ces procaryotes « fixent » l’azote atmosphérique et le rendent ainsi accessible à la plante hôte.
Comment ça marche ? Les racines des légumineuses sécrètent un exsudat qui va avoir pour effet d’attirer les bactéries de la famille Rhizobiaceae. Celles-ci, en se fixant au niveau des poils absorbants des racines, vont former des nodosités, petites excroissances directement reliées aux vaisseaux conducteurs de la plante. Cette dernière baisse sa garde et se laisse envahir par cette infection bénéfique ! La symbiose se met alors en route : la plante hôte fournit, via la photosynthèse, du carbone aux bactéries qui, en retour, vont réduire l’azote atmosphérique (présent dans la porosité du sol, il faut donc un sol bien aéré !) en azote directement assimilable par la plante.
La majorité de l’azote est entreposé dans les parties aériennes de la plante. Après consommation par les ruminants, une grande partie de cet azote se retrouve ensuite excrété sur les prairies. Avec une bonne gestion de la distribution des matières fécales, notamment via un parcellaire et un aménagement des prairies réfléchis (les vaches auront tendance à rester près des points d’eau par exemple), le retour d’azote au sol peut être un sacré avantage !
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Une filière maitrisée de la production à la vente
La ferme a toujours proposé du beurre en vente directe. Le fromage « Moranfayt nature » a été conçu dans les années 1980, à une époque où la moitié du lait était transformée et vendue à la ferme, l’autre moitié partant à la laiterie. Aujourd’hui, la totalité du lait est transformée hormis les excédents de production en mai-juin-juillet, soit environ 10 % du lait, repris sous forme de lait entier ou écrémé par la Laiterie des Ardennes. Le magasin à la ferme propose donc beurre, lait battu, entier ou écrémé, fromages et yaourts transformés sur place. C’est Sylvia qui s'occupe de la transformation. Elle a bénéficié des connaissances de sa belle-mère, Michelle, avant de se lancer seule dans l'aventure.
La quasi-totalité de la production est vendue en direct à la ferme. Le magasin est géré par Sylvia. Bernard considère que ce n’est pas la place d’un agriculteur, « C’est un autre métier ! » nous confie-t-il. Il ne fait pas les marchés non plus. Depuis peu, une partie de la production part à une Ruche Qui Dit Oui, ce qui permet une rentrée régulière, même si cela oblige à assurer la livraison des marchandises à Bruxelles. Certains produits sont également disponibles, de jour comme de nuit, via des distributeurs automatiques ouverts 24h/24 tous les jours de la semaine : un à pommes de terre et un à beurre et fromage. Il y en avait même un pour le lait mais il a été retiré car il était trop souvent vandalisé.
Maitriser sa filière passe aussi par le partenariat. Bernard y pense, mais pas facile dans sa région de trouver des producteurs BIO prêts à s’engager dans cette démarche. Pour l’instant, la coopérative laitière ou encore l’atelier de transformation partagé restent à l’état d’idées, mais qui sait ? Peut-être un jour compterons-nous assez de producteurs BIO, dans les valeurs de Nature & Progrès, pour que cela se concrétise !
De ses propres mots, Bernard soutient Nature & Progrès, comme son père avant lui, car « Avant même d’être BIO on était N&P et on l’a gardé. On y est resté pour les valeurs, il y a une éthique, ce n’est pas juste du BIO. »
Témoignage de Bernard sur son attachement à l'agriculture biologique et à Nature & Progrès : https://www.youtube.com/watch?v=M4H8Fw_d0ek
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