La famille Maréchal fait partie des membres Nature & Progrès. Quoi de plus normal alors pour Marc, lorsqu’il s’installe avec son activité agricole à Bastogne, Les Pieds sur Terre, de le faire en accord avec le label N&P ? Nous vous proposons ce petit article pour mieux connaître ce dernier venu dans la communauté des producteurs bio de Nature & Progrès !
Maraîcher dans l’âme
Après avoir suivi des études en sylviculture à la Haute Ecole de la Reid, et un premier travail dans la recherche, Marc souhaite se reconnecter avec la terre. Il obtient une première expérience en tant qu’employé en maraîchage. En parallèle, il se forme au métier via le CRABE (« Coopération, Recherche, Animation Brabant Wallon de l’Est », association créée en 1976 parallèlement à N&P). Son objectif est de développer son propre projet et mettre à profit les principes de production qui lui tiennent à cœur.
L’agriculture n’est pas étrangère à la famille de Marc, son oncle étant éleveur. Il lui rachète d’ailleurs 4 ha de prairie permanente, de quoi démarrer le projet ! Marc et sa femme, Delphine, décident donc de se lancer et mettent en place deux activités : un élevage de poules pondeuses en poulailler mobile et du maraîchage écologiquement intensif. Le tout sous le doux nom de « Les Pieds sur Terre ».
Notre président, Jean-Pierre Gabriel écoute avec attention Marc lors de la visite de pré-adhésion
L’activité est toute récente, c’est seulement la première saison de production. L’objectif à court terme, d’ici deux à trois ans, est d’offrir 2 temps plein au couple sur la ferme.
Un petit pas pour le maraîcher, un grand pas pour la société
Pour Marc et sa famille, s’engager en agriculture biologique c’est non seulement produire une alimentation saine tout en limitant son impact sur l’environnement, mais c’est aussi une manière de participer à l’évolution de notre modèle alimentaire.
Le projet a été pensé pour nourrir 40 ménages de la région de Bastogne. La surface est rentabilisée en appliquant les principes de maraîchage biointensif. Mais la terre n’est pas épuisée pour autant (voir encadré 1) ! Les rotations sont prévues et les animaux jouent leur rôle dans le cycle de la ferme. Une partie de la surface accueille pour le moment des limousines et Marc possède un poulailler mobile où sont élevées 199 poules pondeuses. Ainsi, les terres sont amendées avec un mélange de fumier de volailles et fumier de vaches. Des engrais verts sont également prévus dans la rotation.
En plus d’être une activité de diversification, l’élevage permet à l’exploitation plus d’autonomie en matière organique.
ENCADRE 1 : les principes du maraîchage biointensif
Issu des techniques de maraîchers français au 18e et 19e siècle, le maraîchage écologiquement intensif a été fortement développé sur le continent américain dans les années 1960. Aujourd’hui, il est enseigné dans des formations au maraîchage biologique chez nous.
L’objectif est de maximiser le rendement économique d’une surface tout en respectant les principes de l’agriculture biologique et en améliorant la structure et la qualité du sol. Il s’agit donc de concilier au mieux objectifs de production et surface disponible.
Pour cela, quelques principes sont appliqués :
- Espaces intra- et inter-rangs minimisés : rentabilisation de l’espace, création de micro-climats favorables aux cultures (protection contre le vent, couverture de sol, etc.).
- Attention particulière à la qualité du semis et du repiquage : meilleur enracinement des plants, meilleur vigueur, meilleure résistance aux maladies et aux conditions climatiques.
- Travail du sol réduit et en partie manuel (grelinette) : respect des espaces inter-rangs, minimisation de la perturbation de la vie du sol, maximisation du labour biologique (par les micro-organismes, racines, animaux du sol).
- Application de la logique bio : maîtrise préventive des adventices (couverture de sol, faux-semis), optimisation de la rotation culturale, associations de cultures, …
Ces techniques nécessitent un apport important régulier de matière organique, car la méthode dépend fortement de la vie du sol, auxiliaire indispensable à sa réussite ! Le maraîchage biointensif revendique deux grands avantages : optimiser le temps de travail et favoriser la rentabilité des petites exploitations. Il se pose donc comme un modèle durable et pérenne de maraichage biologique sur petites et moyennes surfaces. Envie de creuser le sujet ? https://librairie.natpro.be/agriculture/1001-jardinier-maraicher-9782897190033.html
Certaines pratiques en maraîchage sont difficiles à contourner, comme l’utilisation de bâches plastiques. Mais Marc tente d’introduire un peu de bon sens dans cette méthode ne présentant malheureusement pas de réelle alternative durable : les trous effectués pour l’insertion des plants sont cautérisés. Ainsi, Marc espère ralentir la dégradation des bâches et les réutiliser un maximum d’années.
Pour les économies en eau, les ruissellements des toits des serres sont récupérés et le trop-plein alimente une marre entourée de fleurs mellifères. Le forage d’un puit est en cours sur le terrain, pour l’instant, Marc bénéficie de celui du terrain familial voisin. Le travail du sol est réduit au strict minimum et se fait en partie manuellement, la consommation de mazout est donc limitée. Du point de vue électricité, peu de consommation également puisque la famille ne vit pas sur place. Mais il est bien prévu que cela change ! Marc et Delphine aimeraient installer le foyer familial sur le terrain, dans une maison bioclimatique en écobioconstruction.
Les poules comme activité de diversification
En plus de l’activité de maraîchage, Marc a décidé de directement se lancer dans l’élevage de poules pondeuses en poulailler mobile. En effet, les œufs bio sont un produit d’appel important ! Mais loin du modèle productiviste de certains élevages, l’élevage de poules reste une activité de diversification (pour Nature & Progrès, elle devrait d’ailleurs toujours l’être puisque les monogastriques sont de magnifiques recycleurs dans une ferme). Comme dit précédemment, cela permet également de bénéficier de fumier de volaille autoproduit.
Il y a donc 199 poules vivant dans un poulailler mobile. Celui-ci a été acheté auprès d’une firme allemande et présente, selon Marc, de nombreux avantages. Les deux principaux étant le mécanisme de récupération des fientes sur un tapis roulant, facile à nettoyer, et l’autonomie énergétique du bâtiment grâce au panneau solaire sur le toit. Il est facile à déplacer avec un tracteur, ici c’est le cas tous les 7 jours. L’investissement de base est conséquent mais Marc est confiant dans la rentabilité.
L’élevage respecte bien sur les principes de l’agriculture biologique : alimentation 100% bio (provient de chez Bio’or), espaces intérieur et extérieur en accord avec le cahier des charges bio, aménagement du parcours pour motiver les poules à sortir, trappes ouvertes dès qu’il fait jour et plus de 0°c. Le principe du poulailler mobile est de favoriser le pâturage du parcours par les poules (voir encadré 2).
Pour l’instant, seuls des aménagements artificiels (dont une mangeoire couverte à mi-parcours) et l’ombre du poulailler sont présents sur le parcours. Mais cela fait partie des projets de Marc que d’implanter des fruitiers dans ses prairies et, nous l’espérons, sous nos conseils, quelques buissons.
Encadré 2 : L’intérêt du pâturage chez les volailles
Bien qu’une obligation du cahier des charges bio européen, l’accès à un parcours extérieur pour les volailles n’en garantit pas le pâturage. Un parcours efficace est un parcours qui engage les poules à le parcourir (comme son nom l’indique…). Les obligations légales comprennent l’enherbement complet du parcours ainsi que la présence d’aménagements.
Pourquoi aménager le parcours ?
- Les poules ont un besoin naturel de s’abriter des prédateurs volants (Gallus gallus est un animal forestier à la base !), c’est pourquoi buissons et arbustes sont recommandés. De plus, les abris offrent ombre, coupe-vent et même alimentation aux volailles.
- Le pâturage d’un parcours répond aux besoins naturels des poules, ce qui réduit les comportements déviants comme le « picage ». Les poules sont occupées à chercher des vers et insectes dans le milieu naturel, notamment en grattant le sol, ce qui les rend moins enclins à s’intéresser à leurs congénères.
- L’herbe, les vers, les insectes, apportent vitamines, minéraux et protéines aux poules, réduisant la dépendance de l’élevage aux aliments industriels concentrés.
- Un parcours bien aménagé garantie une bonne répartition des volailles sur sa surface, et donc un risque sanitaire moindre.
-Et bien d’autres !
Pour plus d’informations sur ce sujet nous vous invitons à consulter la très intéressante brochure du CRAw « Le parcours aménagé. Un outil au service d’un élevage performant ».
Travailler avec la biodiversité en partenaire
La maraîchage biointensif tire parti de la biodiversité et s’appuie sur la nature pour améliorer les conditions de culture. Marc a, par exemple, mis en place des haies coupe-vent, du brouillage olfactif des insectes, des zones dédiées aux plantes mellifères (voir photos). Tout est bon pour favoriser les auxiliaires de culture !
Dans la serre, chaque ligne est encadrée de plantes fortement aromatiques (melisse, absinthe, …) dans le but d’opérer un brouillage olfactif pour les insectes attirés par l’odeur des plants de tomates. Et pour rentabiliser l’espace : du basilique pousse entre chaque plant.
Des bandes de fleurs mellifères et de la prairie fleurie autour de mares : voilà de quoi satisfaire les pollinisateurs qui, attirés par ces gourmandises, seront alors plus enclins à visiter les reste de la parcelle.
Marc chez Nature & Progrès
Marc et Delphine Maréchal sont membres Nature et Progrès, être labellisés N&P leur semble donc logique en tant que producteurs. De plus, ils considèrent cette labellisation comme un avantage commercial auprès de leur clientèle, une manière de certifier que leur exploitation va au-delà du bio. Pour eux, c’est une certitude, Nature & Progrès permet de garantir une bio authentique, familiale et respectueuse de notre Terre.
Le projet n’en étant qu’à ses débuts et les perspectives de développement étant multiples, Nature & Progrès compte bien suivre l’évolution des Pieds sur Terre afin de l’accompagner dans le respect de la charte.
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Les pieds sur terre - Marc Maréchal
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