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  • Photo du rédacteurMathilde Natpro

La ferme Champignol à Surice : autonomie et innovation

Dimitri représente la 8e génération de Burniaux à la tête de la ferme Champignol. Son nom, la ferme le tien de la culture de pleurote initiée par Marcel, le papa de Dimitri, mais qui n'est actuellement plus pratiquée. Nous re-découvrons lors d’une visite SPG cette ferme laitière-maraîchère, ancrée dans le terroir de Famenne, à Surice.


(article inspiré du Bioportrait réalisé par Francis Giot dans la revue Valériane n°129)



Une ferme familiale en polyculture-élevage


La ferme Champignol, c'est donc une histoire de famille ! Et chaque génération y a apporté sa touche personnelle, en faisant aujourd'hui une ferme biologique d’importance et surtout tournée vers l’avenir. Dimitri rejoint son père sur la ferme en 1996. Il prend en charge les cultures et l'élevage, alors que ses parents continuent de gérer la transformation. On y faisait à l'époque seulement du lait, du beurre et la fameuse boulette de Surice, dans un système de production conventionnel axé sur les vaches Holstein. Le tout vendu au magasin à la ferme (qui existe depuis 1995), géré jusqu'à peu par Marie-Hélène (la maman). C'est avec Marie qu'ils initient la conversion en BIO en 2011 (label reçu en 2013). Sans renier le passé, nous verrons que nos amis ne comptent pas en rester là…


La ferme est constituée de trente hectares de prairies permanentes, vingt hectares de prairies temporaires et trente hectares de céréales fourragères (épeautre et mélange triticale-avoine-pois). Dimitri réserve un tiers de sa production céréalière à l'alimentation de ses vaches, le reste alimente la filière bio. 90 à 95 % de la ration est constituée d’herbe produite à la ferme, elle est complétée par les céréales et par l’achat d’un peu de maïs et de pois. Afin de pallier à ce complément acheté à l'extérieur, la culture de luzerne est testée sur la ferme.


La transformation laitière : le cœur de la ferme...


Même si l'élevage Holstein ne manque pas d’étonner en bio, comme l’explique Dimitri, cette race fait partie de la tradition familiale et changer tout un troupeau n’est ni simple, ni actuellement une priorité… Il a déjà tenté d'introduire des Montbéliardes au sein de leur troupeau, mais il est peu satisfait de la docilité de cette race. La ferme compte à peu près 110 bêtes, dont 50 à 60 vaches sont traites par an.


Une petite partie du lait sert à l'alimentation des veaux. Le reste est écrémé et la matière grasse est transformée en beurre tandis qu’une partie du lait écrémé l’est en fromage. Deux tiers de la production de lait est vendue à la Laiterie des Ardennes, hors de la filière BIO. La crise du beurre, on ne connaît pas à la ferme Champignol et, sans l’appel d’une journaliste, il est possible que Dimitri et Marie ne seraient même pas au courant que la France voisine a manqué de cette précieuse matière. Le beurre est uniquement vendu en direct à la ferme.


Dimitri et Marie ont trouvé un nouveau partenaire : Tristan transforme maintenant le lait de la ferme sous le nom Champignol. Ainsi, en plus de la traditionelle boulette de Surice, le Louché de Champignol - un fromage frais -, le Petit Fleuri - un fromage type crottin affiné quelques jours -, le Guiottin - une pâte pressée - et l’Ami des salades - de type fêta – sont-ils venus enrichir la gamme.


... Mais pas que !


Dimitri et Marie Burniaux ont des idées plein la tête et ils n’hésitent pas à les concrétiser. Si la vente directe les intéresse très fortement, Marie a vite remarqué que son étal de beurre et de boulette manquait de diversité, et que la présence de légumes serait un plus… C’est ainsi que le maraîchage est arrivé à Champignol il y a 10 ans. Quarante ares lui sont consacrés et trois serres jouxtent maintenant les installations de la ferme.



La biodiversité est de mise, en tant qu'ancienne conseillère en mesures agro-environnementales, Marie y veille! Les potagers sont entourés de haies de plantes indigènes et des petits parterres de fleurs et d’aromatiques - origan, fenouil, agastache, thym… - séparent les parcelles, tandis que la culture des légumes sur buttes est aussi agrémentée de fleurs. On retrouve également sur la ferme (qui en est à son 3e renouvellement de plan d'action agro-environnemental) des prairies de haute valeur biologique ainsi que des marres.


Déjà plus qu’un projet - même s’il n’y a pas encore vraiment de production -, la fruiticulture fera bientôt partie des productions de la ferme. Septante arbres fruitiers à hautes tiges d’anciennes variétés de prunes, de pommes, de poires et de noix ont été plantés le long des clôtures… en un début prometteur d’agroforesterie !


A Champignol, les jardiniers ne sont pas oubliés et la production de plans à repiquer devient, peu à peu, une spécialité de la ferme. Marie aimerait même se lancer dans la production de plantes annuelles. Deux serres chauffées à 10-12°c , dont une avec des tables de semis également chauffées, facilitent la production de plans et permettent un allongement de la saison de culture. Pourtant, pas de dépenses d’énergie fossiles supplémentaires. Car la nouvelle star de la ferme, c'est l'unité de biométhanisation !


L'autonomie énergétique : un plus écologique et économique!


A l’initiative de membres de Nature & Progrès, est créée dans les années 1990 la Surizée, asbl socio-culturelle du village de Surice. En 2006, l’asbl répond à un appel à projets du Ministre wallon de l’Energie en proposant de créer une unité de biométhanisation, ce qui se concrétisera grâce au financement public reçu. L’unité est alors installée sur la ferme Champignol, Dimitri en est le gérant. En avril 2015, la centrale a été réaménagée et a doublé de puissance.


La centrale fonctionne principalement à partir de sous-produits agricoles, de la ferme et de producteurs locaux (sous-produits des céréales, de la betterave et des pommes de terre), mais également avec des déchets verts (tontes de pelouse par exemple). L’énergie électrique produite par l’unité de biométhénaisation est réinjectée dans le réseau de distribution (via Lampiris) et équivaut à deux fois la consommation du village de Surice. L’énergie calorifique dégagée par le moteur est récupérée pour chauffer les installations de la ferme (notamment les serres et le séchage du foin) et les habitations alentours. Le digestat est utilisé par Dimitri comme fertilisant.



Marie montre à Marc-André Hénin, lors de la visite SPG, le hangar où sèche le foin, chauffé grâce au biométhaniseur


Toujours continuer d'innover!


Depuis peu, la ferme s'est engagée dans une nouvelle coopérative locale (Coopesem) regroupant producteurs et consommateurs, construite sur le même modèle que Paysan-Artisan. Cela leur ouvre la voix de la commercialisation via commandes en ligne, tout en gardant un contact direct avec le consommateur.


Leur dernier projet? Transformer une ancienne étable afin de pouvoir accueillir des groupes. Marie pourra ainsi y organiser des cours de cuisine et de vannerie, faire découvrir les légumes oubliés, organiser des rencontres et des débats... Bref, transmettre leurs passions !


Si on ajoute à tout cela que le logement de Marie et Dimitri a été rénové en écobioconstruction, on peut conclure que la boucle est bouclée et qu’ils possèdent une ferme qui correspond bien à l’esprit de Nature & Progrès… D’ailleurs, Marie et Dimitri considèrent que faire partie de notre grande famille coule de source et, s’ils aimeraient avoir le temps de plus s'investir au sein de l’association, ils jugent indispensable d’être représentés et entendus au sein des instances qui décident.



Ferme Champignol

Dimitri et Marie Burniaux - 20, rue de la brasserie à 5600 Surice (Philippeville)

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