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Jean-François Depienne : la volonté de nourrir Arlon

S’il a été vétérinaire dans une autre vie pas si lointaine, Jean-François Depienne est aujourd’hui un agriculteur bio aguerri. « Bio-Lorraine » est un nom bien choisi pour mettre en avant son agriculture bio-locale à la sauce lorraine, que l’on (re)découvre lors d’une visite du système participatif de garantie.


Véto, boulot, poireau

Après sa formation de vétérinaire rural, Jean-François a exercé son métier tout en s’installant dans une activité agricole dès 1998. Ce « NIMA », comprenez « non issu du monde agricole, » a toujours eu un lien fort avec le travail de la terre et l’envie de développer son activité agricole. « Depuis tout petit j’ai cette envie en moi. En saison, je participais aux moissons de la ferme voisine » nous partage Jean-François. « Dès que j’ai pu, j’ai donc lancé ma propre activité avec quelques moutons, auxquels sont venus s’ajouter des Angus ». Il choisi de travailler en agriculture biologique et sa certification est effective à partir de 2000.


Travailler comme vétérinaire tout en gérant son élevage n’était pas une situation durable. L’envie de tout faire et bien aura eu raison de Jean-François qui se trouva contraint de faire un choix. Et c’est l’agriculture qui l’emporta ! À la suite d’une situation familiale compliquée, il perd ses bâtiments et doit abandonner l’élevage. Il se tourne alors en 2010 vers la production de légumes bio, qu’il vend sur un étal devant chez lui. Sur ses 10 ha de lors, on retrouve également des céréales et des pommes de terre. Devenu agriculteur à temps plein, il cherche à stabiliser sa situation en acquérant des terres qu’il cultive. En 2015, il reçoit l’aide de l’association Terre-en-vue qui lui permet, grâce aux coopérateurs-investisseurs, de sécuriser son activité sur quelques hectares supplémentaires.


Aujourd’hui, l’activité s’étend sur 50 ha à Arlon auxquels s’ajoutent 5 ha en Ardenne. Le tout est emblavé en grandes cultures, légumes plein champs et en serres. Si Jean-François n’est plus si confiant dans l’avenir de l’agriculture bio économiquement, il y adhère toujours par principe : « Je reste convaincu des bienfaits sur la santé et l’environnement de l’agriculture biologique. Mais c’est dommage au bout de 22 ans de bio de se rendre compte que le marché s’effrite ». Mais chez Nature & Progrès, nous restons persuadés que le bio est l’avenir, aussi bien que le présent, de l’agriculture ! C’est pourquoi il est primordial de jouer son rôle de consomm’acteur.trice en soutenant, par nos actes d’achat, les artisan.ne.s de notre alimentation bio.


« Nourrir localement » comme leitmotiv

En Lorraine belge, le climat est particulier. L’amplitude des températures est plus élevée qu’ailleurs en Belgique et les pluies moins fréquentes, avec des vents séchants. Mais ces contraintes, auxquelles on peut rajouter la variété de sols sur une courte distance, sont intégrées à la réflexion de Jean-François. L’emblavement est pensé autant en fonction des terres et du précédent cultural, que des proportions de l’assiette moyenne du wallon (information communiquée par le CIM). On retrouve globalement sur les terres de Bio-Lorraine : des légumes, principalement les hivernaux et ceux dont la gestion est facilement mécanisable (chicons, carottes, poireaux, oignons, céleri rave, échalotes, salades, choux, courges), mais aussi des grandes cultures comme les pommes de terre, le colza, la moutarde, le tournesol, les lentilles ou des céréales panifiables. Afin d’aller au bout de sa démarche de proposer au consommateur une alimentation locale, la transformation à la ferme a été bien développée. Ainsi, sont produits sur place : de l’huile de tournesol, de l’huile de colza, de la sauce moutarde, des frites fraîches sous vide et des préparations à base de légumes. Les céréales panifiables sont moulues au Moulin de Kleinbettingen, à une quinzaine de kilomètres de la ferme.


Pour faire tourner tout ça, Jean-François s’entoure de saisonniers et autres emplois temporaires en fonction des besoins. La ferme comprend toute l’année 6 équivalents temps plein qui sont doublés lors de la pleine saison. La coordination de la gestion agricole des parcelles est opérée par un indépendant. De son côté, Jean-François travaille 7 jour sur 7 et ne prend pas de congé. « C’est un choix assumé », nous confie-t-il. « C’est un métier passion. Si je voulais juste gagner ma vie je pourrais bien faire autre chose ! ». Avec toute cette charge de travail, la confection de plants n’est pas prévue, « Cela demande non seulement l’infrastructure adéquate mais aussi une attention particulière ». Seuls les plants de courges sont faits sur la ferme à partir de semences de chez Bingenheimer. Pour le reste, les plants proviennent principalement de chez Dekoster.


L’ensemble de la production de la ferme Bio-Lorraine est vendue dans la région d’Arlon. Les prix pratiqués sont calculés pour refléter les coûts de production. Jean-François, comme tous les maraîchers, pratique l’achat-revente pour compléter son étalage. Les productions qui peuvent l’être proviennent de maraîchers belges via le distributeur Biovibe. On retrouve également à son magasin des productions plus exotiques comme les agrumes.


Un terroir difficile à dompter

Travailler en bio a été dès le départ une évidence, il s’agissait pour Jean-François de respecter au mieux son sol et en tirer le meilleur. « Depuis qu’on travaille en bio, on a résolu les problèmes d’érosion des parcelles et on observe le retour du petit gibier ! ». La ferme est mitoyenne de parcelles conventionnelles et peu de protections sont mises en place. Jean-François est attentif aux dérives de pesticides pour réagir au plus vite et éviter les problèmes avec son organisme de contrôle bio ! De son côté, il utilise au cas par cas quelques biopesticides classiques autorisés en bio, en maraîchage (Spinosad sur les poireaux par exemple) et pommes de terre (cuivre).


Les terres cultivées reposent sur une grande diversité de sols, mais plutôt à tendance sablo-limoneuse. Le labour est pratiqué à chaque fin d’hiver. Le sol est enrichi par différentes matières organiques achetées : lisier et fumier de fermes alentours, fientes de poules en pellets, sang séché et compost de broyat de branches.


Jean-François et N&P

Jean-François est producteurs bio de Nature et Progrès depuis 2011. Si pour lui, être labellisé N&P ne booste pas les ventes (il ne s’affiche d’ailleurs pas spécialement N&P), ça a du sens par la cohésion de groupe. « Le contact avec les membres locaux N&P était régulier via le marché bio d’Arlon que nous avons cofondé. Mais maintenant, la relation s’étiole et c’est dommage. Avec l’arrêt du salon Aubépine, qui était aussi organisé par des bénévoles Nature & Progrès, il risque de ne plus y avoir d’évènement dans notre coin pour faire le lien entre les producteurs et l’association. Qu’est-ce qu’il va rester après ? Il faudrait y penser car c’est vraiment ça la beauté de Nature & Progrès : le lien consommateurs-producteurs et la mise en avant du vrai bio local ».




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